La franc-maçonnerie trouve ses racines en Grande-Bretagne, où elle s’est structurée. En France, elle apparaît dès les années 1720, introduite par des militaires britanniques et des intellectuels fascinés par ce courant de pensée ésotérique et philosophique. La première loge attestée en France semble avoir été créée à Dunkerque en 1721, rapidement suivie par d’autres loges à Paris et dans plusieurs grandes villes.
L’essor de la franc-maçonnerie en France au XVIIIe siècle est lié à son attractivité auprès de l’aristocratie et des élites intellectuelles. À l’époque, elle offre un espace de discussion et de réflexion libre, à l’abri de la censure de la monarchie et du clergé. Ce sont des figures comme Montesquieu, Voltaire ou encore le duc de Chartres qui participent à son développement et à son rayonnement.
Organisation de la franc-maçonnerie … et les premières dissensions
En 1738, la première structure officielle, la Grande Loge de France, est fondée pour organiser les loges disséminées sur le territoire. Cependant, des tensions philosophiques apparaissent rapidement, notamment sur la place du religieux dans la franc-maçonnerie. La querelle entre spiritualistes et rationalistes aboutit en 1773 à une scission majeure avec la création du Grand Orient de France, qui défend une vision plus laïque et républicaine de la franc-maçonnerie.
Sous l’Ancien Régime, la franc-maçonnerie reste tolérée, bien que surveillée par le pouvoir royal et l’Église. Cependant, elle devient un foyer d’idées nouvelles qui influenceront la Révolution française.
La franc-maçonnerie et la révolution française
Contrairement à une idée répandue, la franc-maçonnerie n’a pas directement organisé la Révolution française. Toutefois, ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité ont inspiré de nombreux révolutionnaires. Des figures comme Mirabeau, Danton et même certains jacobins étaient francs-maçons, mais ils agissaient en tant qu’individus et non sous l’égide de leurs loges.
Après la Révolution, la franc-maçonnerie connaît des périodes de persécution et de renouveau, notamment sous Napoléon, qui tente de la contrôler à des fins politiques. Au XIXe siècle, elle se réorganise et s’affirme comme un acteur clé du débat républicain et progressiste.
Le XIXe Siècle : expansion de la franc-maçonnerie et engagement républicain
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la franc-maçonnerie française joue un rôle majeur dans la promotion de l’éducation laïque et de la séparation de l’Église et de l’État. Elle influence la loi de 1905 sur la laïcité et soutient de nombreuses réformes sociales.
C’est également à cette époque que la diversité des obédiences s’accroît avec l’émergence de nouvelles structures comme la Grande Loge de France (1894) et l’introduction de la franc-maçonnerie mixte avec la création du Droit Humain en 1893.
L’ouverture aux femmes et la création de la Franc-Maçonnerie Féminine
Longtemps réservée aux hommes, la franc-maçonnerie s’ouvre progressivement aux femmes. Si des loges dites « d’adoption » existent depuis le XVIIIe siècle pour accueillir les épouses de francs-maçons, leur rôle reste limité.
En 1893, Maria Deraismes et Georges Martin fondent l’Ordre Maçonnique Mixte International « Le Droit Humain », une obédience où hommes et femmes sont égaux. Plus tard, en 1945, la Grande Loge Féminine de France voit le jour, consacrant une franc-maçonnerie exclusivement féminine, autonome et engagée.
La Franc-Maçonnerie au XXe Siècle : résistance et renaissance
Durant la Seconde Guerre mondiale, la franc-maçonnerie est persécutée par les régimes totalitaires, notamment sous Vichy en France. Nombre de francs-maçons participent activement à la Résistance, et après la guerre, l’institution renaît avec encore plus de vigueur.
L’après-guerre est marqué par un renforcement des idéaux humanistes et progressistes de la franc-maçonnerie, qui s’implique dans les combats pour les droits civiques, l’égalité sociale et la paix dans le monde.
La franc-maçonnerie contemporaine : entre tradition et modernité
Aujourd’hui, la franc-maçonnerie française est constituée de nombreuses obédiences aux sensibilités variées. Le Grand Orient de France demeure la plus grande, suivie par la Grande Loge de France, la Grande Loge Nationale Française (plus proche de la tradition anglo-saxonne), et la Grande Loge Féminine de France.
Si certains voient encore la franc-maçonnerie comme une société secrète influente, elle fonctionne en réalité comme un espace de réflexion philosophique, morale et sociétale. Elle conserve ses rituels et traditions, tout en évoluant avec son époque.