Grande Loge De France (GLDF)

La Grande Loge de France est une organisation maçonnique composée de loges qui, à de très rares exceptions liées à des circonstances historiques spécifiques, pratiquent toutes le Rite Écossais Ancien et Accepté dans ses trois premiers degrés. Elle adhère partiellement aux Basic Principles de la Grande Loge unie d’Angleterre établis en 1929, et entièrement à ceux de 1989, à l’exception de l’exigence de croyance en Dieu, puisqu’elle travaille « À la gloire du Grand Architecte de l’Univers ». Cette interprétation est ouverte à différentes convictions, allant des théistes et déistes à des agnostiques et athées. La Grande Loge de France se considère comme régulière dans sa pratique maçonnique.

Ses principales activités consistent à soutenir et conseiller les loges affiliées, en se concentrant sur la gestion financière et l’harmonisation des pratiques rituelles. Elle propose également un journal périodique réservé à ses membres et encourage les loges à étudier annuellement une « question à l’étude des loges » spécifique, dont elle compile les résultats.

La Grande Loge de France gère différents programmes d’entraide pour ses membres, tels que l’« Entraide fraternelle », la « Poignée de mains », la « Solidarité Jeunesse », et soutient des associations comme « Fraternité Santé Détresse » et « Clarté ». En 2017, elle a ouvert une maison de la solidarité pour aider les francs-maçons en difficulté et coordonner ses différentes initiatives d’aide.

En termes d’activités publiques, la Grande Loge de France produit une émission radiophonique sur France Culture et publie une revue trimestrielle nommée « Points de vue initiatiques ». Elle organise aussi des colloques et des conférences, ouverts au public, sur divers sujets liés à la maçonnerie, aux sciences, à la religion, et à la spiritualité.

Histoire de la Grande Loge De France (GLDF)

La première Grande Loge De France, bien que n’ayant officiellement adopté ce nom qu’en 1737, reconnait dès 1728 un Grand Maître en France, en la personne du duc de Wharton, qui séjourna à Paris et à Lyon entre 1728 et 1729. Après lui, d’autres grands maîtres, notamment des jacobites comme James Hector MacLean et Charles Radclyffe, sont élus en France. Les Constitutions d’Anderson de 1738 mentionnent l’existence de grands maîtres et de loges en France, bien qu’il ne soit pas suffisamment clair pour que l’on puisse en déduire formellement qu’il exista une obédience nationale française à cette époque.

Le discours du chevalier de Ramsay en 1736 influencela création de nombreux hauts grades maçonniques en France. Louis de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin, est élu Grand Maître Général en France, mais la date exacte de cette élection est débattue, on sait toutefois que l’élection a eu lieu entre 1738 et 1740. Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, est élu grand maître de toutes les loges régulières de France en 1743, établissant des ordonnances générales pour la maçonnerie française.

Les termes « Grande Loge » semblent initialement désigner des réunions « nationales » plutôt qu’une obédience maçonnique permanente. Des hauts grades maçonniques dits « écossais » ont été développés en France et ont gagné en popularité. En 1756, les termes « Grande Loge De France » réapparaissent dans les constitutions de la loge lyonnaise « La Parfaite Amitié », mais cela ne dénote pas encore une véritable obédience nationale.

Dans les années suivantes, la Grande Loge De France a fait face à plusieurs scissions, et en 1773, après le décès du comte de Clermont, elle se transforme en une obédience nationale sous le nom de Grand Orient de France. Le duc de Luxembourg, substitut du Grand Maître, introduit des réformes importantes, notamment la très démocratique élection des Vénérables Maîtres de chaque loge.

Parallèlement, une « Grande Loge de Clermont »est formée, mais ne parvient pas à prospérer et à s’imposer face au Grand Orient. La Révolution française interrompt les activités de la Grande Loge de Clermont, qui, lors de sa reprise en 1796, comptait beaucoup moins de loges. Le Grand Orient, quant à lui, subi éhalement des pertes significatives pendant la Révolution. La fusion de la Grande Loge De Clermont avec le Grand Orient a été orchestrée par Alexandre Roëttiers de Montaleau en 1799, faisant du Grand Orient le seul héritier en France de la Grande Loge d’Angleterre.

Le Grand Orient de France, dans sa quête de réformes, réorganise son système de hauts grades en établissant le Rite français en sept degrés. En 1802, il interdit la pratique d’autres systèmes de hauts grades dans ses loges. En 1804, Alexandre Comte de Grasse-Tilly, récemment arrivé à Paris, introduit le Rite Ecossais Ancien et Accepté, développé aux États-Unis à partir de grades majoritairement français. Il fonde le Suprême Conseil pour la France, qui promptement initie une nouvelle obédience symbolique, la Grande Loge Générale Écossaise, placée sous la direction de Louis Bonaparte. Néanmoins, Napoléon Ier pousse à la fusion de cette structure avec le Grand Orient de France, fusion qui a été célébrée en décembre 1804.

Cette période a vu un changement dans le vocabulaire maçonnique français, où le terme « loges écossaises » a commencé à désigner les loges pratiquant un rite différent du Rite français. Ce nouveau rite, le Rite écossais ancien et accepté, a été formellement établi pour ses trois premiers degrés en 1821.

Après la chute de l’Empire, le Suprême Conseil de France est redevenu indépendant du Grand Orient, créant des loges de tous les degrés. Les deux obédiences ont coexisté sans conflits majeurs pendant quarante ans, comme en témoigne une fête maçonnique conjointe en 1830 en l’honneur de La Fayette.

Au début du XIXe siècle, le Suprême Conseil était principalement aristocratique, tandis que le Grand Orient était dominé par la bourgeoisie. Ces différences se sont atténuées avec le temps. En 1862, Napoléon III a nommé le maréchal Magnan au Grand Orient, mais ses tentatives de réunification des rites ont échoué face à la résistance du grand commandeur Viennet.

Les dissensions internes au sein du Suprême Conseil, en particulier concernant la notion de « Grand Architecte de l’Univers », mène à la formation en 1880 de la Grande Loge Symbolique Ecossaise, qui a gagné en popularité et a compté jusqu’à 36 loges. Parmi ses membres notables, la loge « Les Libres Penseurs » du Pecq a initié Maria Deraismes, première femme franc-maçon qui deviendra plus tard cofondatrice de l’obédience « Droit humain ».

Le Suprême Conseil de France et la récemment séparée Grande Loge Symbolique Écossaise renoue leurs relations officielles en 1884 lors du banquet de clôture du convent du Grand Orient de France. À cette époque, le Suprême Conseil comptait 23 chapitres et 90 loges symboliques, regroupées sous la Grande Loge centrale du Suprême Conseil. En 1894, une proposition de la loge « La Fidélité » de Lille mène à la formation d’une obédience indépendante, fusionnant avec la Grande Loge Symbolique Ecossaise. C’est ainsi qu’est fondée la nouvelle Grande Loge De France.

Les premières constitutions de la nouvelle Grande Loge de France définissent la franc-maçonnerie comme une alliance universelle basée sur la solidarité, sans exiger de croyance spécifique de ses adeptes. En 1896, une fusion a eu lieu avec la Grande Loge Symbolique Ecossaise, et en 1904, le Suprême Conseil de France a renonceà délivrer des patentes pour les nouvelles loges, consolidant l’indépendance de la Grande Loge De France.

Au début du XXe siècle, la Grande Loge de France connait une croissance rapide, passant de 3 000 membres à sa fondation à 8 400 en 1912. Les sujets étudiés dans les loges ont évolué, passant de travaux littéraires à des questions plus politiques et philosophiques. Après le scandale de l’affaire des fiches en 1904, un retour à des préoccupations plus philosophiques et métaphysiques est observé.

La Grande Loge De France fait l’acquisition d’un bâtiment rue Puteaux à Paris en 1911 et continue ses activités pendant la Première Guerre mondiale. Elle joue un rôle important dans la promotion de la Société des Nations et organise des événements pour combattre le fascisme. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’activité de la Grande Loge De France est réduite, et après la guerre, elle doit faire face à une perte significative de membres.

Dans les années 1950, la Grande Loge De France joue un rôle clé dans l’élaboration de la législation sur la contraception en France et developpe un courant axé sur les thèmes initiatiques. Des discussions de fusion avec le Grand Orient de France sont envisagées mais ne parviennent pas à aboutir, notamment en raison de la volonté de la Grande Loge De France de maintenir des relations avec la Grande Loge Uni d’Angleterre (et continuer à travailler à la gloire d’un Grand Architecte de l’Univers).

En 1964, une scission idéologique a eu lieu, entraînant le départ de plusieurs membres vers la Grande Loge Nationale Française. La Grande Loge De France a continue à croître au cours du dernier tiers du XXe siècle, atteignant près de 34 000 membres. Sa déclaration de principes la positionne entre le Grand Orient de France et la Grande Loge nationale française, et bien qu’elle accueille des agnostiques, elle maintient de bonnes relations avec l’Église catholique.

Grande Loge De France (Alain Graesel ) Livre GLFF

La Grande Loge de France (GLDF) est une des plus importantes et anciennes obédiences françaises. Avec plus de 800 loges et environ 33 000 frères, la GLDF se distingue par son autonomie, son indépendance et sa souveraineté, travaillant presque exclusivement au Rite Écossais Ancien et Accepté. Cet ouvrage détaille l’histoire, l’organisation, les valeurs et les pratiques de la GLDF, axée sur la devise « Liberté – Égalité – Fraternité ». Il explore également la progression intellectuelle et morale des frères, favorisant une transformation personnelle à travers un équilibre entre valeurs humanistes et une approche spirituelle adogmatique non religieuse. Ce livre est essentiel pour comprendre la profondeur et la richesse de l’expérience maçonnique au sein de la GLDF.

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Deux siècles en Grande Loge de France (Jean-Pierre Thomas)
Livre GLFFEn 1822 fut fondée la Grande Loge Centrale de France. Celle-ci dirigea les loges symboliques sous l’autorité du Suprême Conseil de France jusqu’en 1895, année où, avec l’accord de ce dernier, elles purent s’administrer elles-mêmes sous le titre de Grande Loge de France, leur liberté définitive étant totalement acquise en 1904.
Entre 1896 et 1899, les rejoignirent celles de la Grande Loge Symbolique Ecossaise, dissidence de la Grande Loge Centrale, créée en 1880 et continuatrice de l’esprit d’une autre dissidence, la Grande Loge Nationale de France de 1848.
La célébration de ce bicentenaire n’occulte pas le fait que la franc-maçonnerie française, apparue dans la première moitié du XVIIIe siècle, soit naturellement plus ancienne, en particulier la première Grande Loge de France qui dura de 1743 à 1799 et la deuxième qui n’exista qu’en 1804. Mais elle rappelle que, de 1822 à 2022, il y eut une continuité de gestion des loges symboliques écossistes, et par là-même l’affirmation des valeurs progressistes, humanistes et spirituelles portées par le Rite Ecossais Ancien et Accepté. D’où cette synthèse historique couvrant ces deux siècles.
À cette commémoration s’en ajoute une autre : le cent-dixième anniversaire de l’installation de la Grande Loge de France rue Puteaux, dans le XVIIe arrondissement de Paris, d’où une évocation spécifique de cet autre aspect de l’identité de l’Obédience.
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