« T’as choisi ton rite ? »… Question innocente en apparence, mais qui peut donner des sueurs froides à tout candidat à l’initiation.
Un rite… c’est quoi au juste ?
Avant même d’envisager « le bon rite », encore faut-il comprendre ce qu’on entend par là. Car oui, pour beaucoup de profanes, ce mot évoque vaguement un vieux grimoire, des bougies, et des mots latins marmonnés dans une salle obscure. Spoiler : c’est un peu plus subtil.
Un rite maçonnique, c’est une manière particulière de pratiquer la franc-maçonnerie. Une structure de rituels, de symboles, de méthodes d’enseignement. C’est la forme… mais aussi un peu du fond. Le rite, c’est le véhicule du voyage initiatique. Et des véhicules, il y en a pour tous les styles : du carrosse baroque à la montgolfière mystique.
Le souci, c’est que tout cela reste très flou
Quand on découvre la franc-maçonnerie, on est déjà un peu déboussolé par le vocabulaire, les symboles, les obédiences… Alors quand vient le moment de « choisir son rite », l’esprit s’emballe. Comment comparer ce qu’on ne connaît pas ?
Franchement, comment un profane peut-il distinguer le Rite Français du Rite Écossais Ancien et Accepté, ou du Rite de Misraïm et Memphis, quand même les maîtres en loge peinent parfois à résumer leurs différences ?
D’où viennent tous ces rites ?
Chaque rite est le fruit d’une époque, d’une culture, d’une vision de l’homme et du monde. Certains sont nés dans l’Angleterre rationaliste du XVIIIème, d’autres dans la France post-révolutionnaire, d’autres encore au carrefour de l’ésotérisme oriental et de l’humanisme européen.
Ils portent chacun une couleur, une musique, un tempo. Certains sont sobres, d’autres plus solennels. Certains sont très philosophiques, d’autres plongent dans les arcanes de l’ésotérisme.
Comment s’y retrouver alors ?
Pas de panique. En réalité, ce n’est pas à vous, profane, de « choisir » un rite à l’aveugle comme on coche une case sur un formulaire. C’est votre affinité avec une loge, une ambiance, une façon de travailler, qui va vous guider… et cette loge travaille déjà selon un rite précis.
Mais si vous êtes du genre à vouloir comprendre avant de vous engager (et c’est bien normal), voici quelques pistes pour affiner votre intuition :
1. Regardez la philosophie du rite
Chaque rite met l’accent sur certaines valeurs. Le Rite Français, par exemple, est souvent associé à une approche républicaine, laïque et rationnelle. Le REAA (Rite Écossais Ancien et Accepté) est plus spiritualiste, symbolique, avec une vraie profondeur mystique. Le Rite Écossais Rectifié ? Très chrétien dans son inspiration, même s’il s’adresse aussi à des non-croyants.
2. Explorez les rituels (autant que possible)
Il est difficile de « voir » un rituel avant d’être initié. Mais certaines obédiences publient des aperçus ou des détails. Certains rites sont plus solennels, d’autres plus simples. Certains vous parlent au cœur, d’autres vous laissent froid. Fiez-vous à votre ressenti.
3. Renseignez-vous sur l’histoire du rite
Vous avez une fibre historique ? Certains rites peuvent résonner avec votre passé, vos lectures, voire votre famille. Le Rite Français, par exemple, c’est celui des révolutions, des Lumières. Le REAA a une touche plus universelle, même transatlantique.
4. Posez des questions à la loge qui vous reçoit
Lors des entretiens, n’hésitez pas à demander : « Pourquoi ce rite plutôt qu’un autre ? », « Qu’est-ce que cela vous apporte ? ». Les réponses ne seront pas techniques, mais humaines, et c’est souvent ce qui compte.
Un choix… qui n’en est pas vraiment un
En fin de compte, le rite vous est souvent « imposé » par la loge que vous intégrerez. Et c’est très bien ainsi. Parce que ce qui compte, ce n’est pas tant quel rite vous suivez, mais comment vous le vivez. Le rite, c’est le véhicule, oui. Mais le chemin, c’est vous qui le faites.
Et si un jour le rite ne vous convient plus ? Rien n’interdit de changer de loge, voire de rite, plus tard. L’essentiel, c’est d’être en chemin, pas de rester coincé à l’arrêt.
Faites-vous confiance !
Oui, le choix d’un rite peut sembler un Everest pour un profane. Mais faites-moi confiance : on finit toujours par trouver sa montagne. Et parfois, c’est la montagne qui vous choisit…
Prenez le temps. Rencontrez. Lisez. Ressentez. Et surtout : écoutez votre intuition. Elle est souvent un meilleur guide que tous les manuels de franc-maçonnerie réunis.
De l’aide pour choisir son Rite ? Voir notre guide Devenir franc-maçon(ne)